Mardi Spaghetti Series
Recorded August 17 2010
Le Cagibi, Montréal
Sam Shalabi/Matana Roberts/Nicolas Caloia – Le Cagibi, 2010-08-17
Matana Roberts a vécu de manière intermittente à Montréal d’environ 2008 à 2011. Le disque COIN COIN Chapter One : Gens de couleur libres qui a été enregistré à l’Hotel2Tango en juillet 2010 en compagnie de 15 musiciens montréalais et publié par l’étiquette constellation est le témoin de cette période. S’il en est ainsi, ce n’est pas seulement parce qu’Il a enregistré dans un studio montréalais pour le compte d’une étiquette montréalaise et avec des musiciens locaux. C’est également parce qu’il rend compte de l’écosystème dont bénéficiaient alors les musiciens improvisateurs de la métropole québécoise.
Pour comprendre cela, il faut remonter au début de l’année 2007. À cette époque, les concerts de musique, disons, exploratoire se tiennent plus souvent qu’autrement à la Casa del Popolo, à La Sala Rossa ou à la Casa Obscura (cette dernière hébergeant la série des Mercredimusics).
Or, à l’hiver et au printemps 2007, des concerts de musique improvisée se tiennent pour la première fois à La Brique, un loft situé sur la rue Durocher, dans un secteur qui a depuis été complètement transformé par la construction du Campus MIL de L’Université de Montréal. Ce loft est occupé par de jeunes musiciens dont Xarah Dion et Marie Davidson.
Environ un an plus tard, c’est-à-dire en avril 2008, Josh Zubot, Philippe Lauzier, Pierre-Yves Martel et Ellwood Epps, qui étaient alors considérés comme des musiciens de la relève, fondent la série Mardi Spaghetti. Cette série hebdomadaire est consacrée à la musique créative et est hébergée par le Cagibi, un café alors situé à l’intersection du boulevard St-Laurent et de la rue Saint-Viateur.
Puis, le 28 juin 2008, L’Envers, un loft fondé par Ellwood Epps en collaboration avec Philippe Battikha, Étienne Lebel, Sam Vipond, ouvre officiellement ses portes. Ce nouvel espace est situé sur la rue Van Horne, à 10 minutes de marche vers l’ouest du Cagibi et à une distance similaire vers l’est de La Brique.
L’Envers, la série Mardi Spaghetti et La Brique vont multiplier les occasions de jouer pour les musiciens improvisateurs. Par exemple, la série Mardi Spaghetti présente deux sets différents à chaque semaine et il y a parfois jusqu’à quatre ou cinq concerts par semaine à L’Envers. De plus, leur mode de fonctionnement plus informel favorise les rencontres entre musiciens œuvrant dans des sphères différentes, les expérimentations et la prise de risque. À vrai dire, dans le cas de La Brique, et dans une moindre mesure de L’Envers, la frontière est parfois floue entre le concert en bonne et due forme et la représentation privée pour amis et invités!
Au même moment, Matana Roberts commence à passer de plus en plus de temps à Montréal. On la croise comme spectatrice, mais on peut aussi la voir – et l’entendre! – sur scène. En particulier, à partir de la fin de l’été 2008, elle va consacrer plusieurs concerts au projet COIN COIN :
• 12 septembre 2008, L’Envers : Roberts interprète le prologue. Il s’agit d’une prestation en solo pour saxophone alto, voix et projections.
• 2 juin 2009, L’Envers : le premier chapitre (Gens de couleur libres) est présenté. Elle est accompagnée de Brian Lipson (trompette), Chris Burns (guitare), Nadia Moss (piano), Rebecca Foon (violoncelle), Thierry Amar (contrebasse), Jonah Fortune (contrebasse) et David Payant (batterie).
• 22 août 2009, La Brique : un chapitre inconnu est interprété (je n’étais pas présent). Les musiciens sont Eric Lewis (trompette), Radwan Moumneh, Thierry Amar (contrebasse), Jonah Fortune (contrebasse), Steven Balogh (basse), Nadia Moss (orgue), Lisa Gamble (percussions), David Payant (batterie) et Patrick Conan (batterie).
• 27 février 2010, L’Envers : le deuxième chapitre (Mississippi Moonchile) est interprété en compagnie de Philippe Lauzier (clarinette basse), Sam Shalabi (guitare), David Rhyspan (piano), Nicolas Caloia (contrebasse), Isaiah Ceccarelli (batterie), Molly Sweeney (voix) et Diego Poblete (voix).
• Les 13 et 14 août 2010, Gens de couleur libres est à nouveau présenté à L’Envers. Les musiciens sont : Xarah Dion (guitare), Marie Davidson (violon), Jen Reimer (cor français), Lisa Gamble (scie électrique), Jonah Fortune (contrebasse), Thierry Amar (contrebasse), Gitanjali Jain (voix), Hrair Hratchian (doudouk), Nicolas Caloia (violoncelle), Dave Ryshpan (piano), Ellwood Epps (trompette), Brian Lipson (trompette), Fred Bazil (saxophone ténor) et Isaiah Ceccarelli (batterie)
Comme on peut le constater, l’instrumentation et les interprètes changent d’une fois à l’autre, et ce même une fois le disque enregistré. De plus, les musiciens qui accompagnent Roberts proviennent souvent de cercles différents.
Cependant, la collaboration entre Roberts et les musiciens montréalais ne se limite pas à la participation de ceux-ci au projet COIN COIN. Durant ces années, on peut également entendre la saxophoniste dans des formations ad hoc ou en tant qu’invitée d’un groupe établi. En voici une liste qui ne prétend pas être exhaustive :
• 21 juin 2008, La Sala Rossa : elle rejoint le Murray Street Band pour les deux dernières pièces de la soirée;
• 7 septembre 2008, La Sala Rossa : en duo avec Rebecca Foon (violoncelle);
• 9 septembre 2008, série Mardi Spaghetti, Le Cagibi : en quatuor avec Ellwood Epps, Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle) et John Heward (batterie);
• 12 septembre 2008, L’Envers : après le prologue de COIN COIN, elle accompagne Stuffy Turkey, un trio formé de Ellwood Epps, Thierry Amar et David Payant qui se consacre à la musique de Thelonious Monk;
• 21 novembre 2008, Galerie de l’UQAM : avec le Murray Street Band;
• 13 décembre 2008, L’Envers : avec le Murray Street Band;
• 17 mars 2009, Le Cheval Blanc : elle accompagne à nouveau Stuffy Turkey;
• 25 avril 2009, La Sala Rossa : elle est l’invitée de l’atelier mensuel ImprovContact organisé par Fred Bazil;
• 7 juin 2009, La Brique : en septuor avec Sam Shalabi (guitare), Jason Sharp (saxophone baryton), Josh Zubot (violon), Thierry Amar (contrebasse), Jonah Fortune (contrebasse) et John Heward (batterie);
• 3 juillet 2009, L’Envers : en quatuor avec Ellwood Epps (trompette), Nicolas Caloia (contrebasse) et John Heward (batterie);
• 16 janvier 2010, L’Envers : en duo avec Stefan Christoff (piano);
• 2 février 2010, Casa del Popolo : avec le Murray Street Band;
• 2 mars 2010, série Mardi Spaghetti, Le Cagibi : en duo avec Josh Zubot (violon);
• 3 mars 2010, série Mercredimusics, Casa Obscura : en quintet avec Lori Freedman (clarinettes), Jacques Gravel (trombone), Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle) et Michel F Côté (batterie);
• 17 août 2010, série Mardi Spaghetti, Le Cagibi : en trio avec Sam Shalabi (guitar) et Nicolas Caloia (contrebasse).
Il en ressort que COIN COIN Chapter One : Gens de couleur libres s’inscrit dans une toile de rencontres et de collaborations s’échelonnant sur une période de plusieurs mois. Après tout, c’est assurément en jouant avec les musiciens improvisateurs montréalais et en assistant à leurs prestations que Roberts en est venue à la conclusion que c’est avec eux qu’elle voulait enregistrer sa musique.
Dans cette optique, la publication en format numérique du concert donné par Sam Shalabi, Matana Roberts et Nicolas Caloia le 17 août 2010 au Cagibi dans le cadre de la série Mardi Spaghetti peut être vu comme documentant une facette restée davantage confidentielle de ce qui pourrait être appelé « les années montréalaises » de la saxophoniste, mais aussi comme témoignant de l’écosystème dans lequel celles-ci se sont inscrites.
Mathieu Bélanger
Avoiding the cyclic rhythms, harmonies and melodic material typically used as glue in most musical genres, free improvisation relies not only on the instantaneous reactions of the musicians to the sounds around them, but also on the human mind’s naturally tendency to perceive connections among unrelated strands. This concert, recorded as part of a series of improvised soirees in the back room of Montreal’s Cagabi restaurant/cafe, provides a case in point. The trio of Matana Roberts on saxophone, Sam Shalabi on electric guitar and Nicolas Caloia on stand up bass come out in full force, eschewing the sparseness often used to “feel the room,” confident that their three independent sonorities will mesh into one. And somehow it does, as Roberts’ free jazz-influenced lines float above Caloia’s rumbling flow and Shalabi’s percolating shards and gurgles. The music evolves and transforms throughout the 45 minute set without changing the fundamental modus operandi, each musician soloing their way into a cohesive group sound.
Lawrence Joseph
credits
released February 24, 2021
Nicolas Caloia - double bass
Matana Roberts - alto sax
Sam Shalabi - guitar
Mathieu Bélanger - recording
Carved in Lava - mastering
Musique Rayonnante proposes an online audio collection which offers a sample of some of the open and abstract music coming out of Montreal in the early 21 century.
Simply amazing to hear a new album with Wadada and Ewart!! ...And Reed rounds out this trio beautifully.
Just gave it my first spin. Absolutely magical. jeffrey maurer
A truly psychedelic jazz record, “Bloom Anubis” ventures out into uncharted territory, with ominous tones & sci-fi synths. Bandcamp New & Notable May 15, 2021
